Collapsolab
Si effondrement il y a, qu’il soit d’ordre économique, financier, énergétique, ou encore climatique la pre- mière chose que l’on cherchera à faire en tant qu’humain, c’est se nourrir et chercher de l’eau potable. C’est ce que nous rappelle François Dauphin dans une tribune dans le Monde réalisé en novembre 2018.
Notre monde étant interconnecté, et chaque action ayant un impact plus ou moins fort sur notre planète, j’ai décidé de dessiner des objets qui fonctionnent ensemble, les uns allant avec les autres, sans eau, pas de plantes, pas de biodiversité et donc pas d’aliments. J’ai donc réalisé à partir de récupération d’objets voués à devenir des déchets, un récupérateur d’eau de pluie, un contenant qui accueille des plantes mellifères et donc de la biodiversité, trois contenants avec des systèmes d’irrigations simple et qui consomment très peu d’eau accueillant des plantes comestibles, un frigo du désert pour conserver les aliments à brève échéance, un séchoir alimentaire pour les conserver plus longtemps. Puis lorsque les aliments sont consommés, les restes peuvent être accueillis dans un lombricomposteur afin de pouvoir redonner une seconde vie aux déchets organiques.
Alexandre a imaginé ce projet en lien direct avec ce qui s’est produit au Venezuela, l’un des pays les plus touchés par la crise pétrolière, car en effet c’est l’un des plus grands producteurs mondiale de pétrole, sa croissance et son développement en sont issu. Depuis plusieurs années la crise économique et plusieurs mois d’hyperinflation on conduit le pays vers une certaine forme d’effondrement, les produits alimentaires et de premières nécessités manquent, des émeutes et des pillages sont très fréquent.
C’est pour cela qu’il a décidé de travailler avec des ballons d’eau chaude, des bouteilles de gaz et des tourets d’électricité. Ces objets qui nous permettent d’avoir un confort omniprésent dans nos vies, et auxquels on ne fait plus forcément attention, mais qui, en cas d’effondrement viendraient à manquer très rapidement.
La population et notamment les citadins qui représentent pour l’instant 55% de la population dépendent des chaînes d’approvisionnement, or on sait qu’en 36 heures, la plupart des magasins sont vidés/pillés, et c’est à partir de ce moment là que les premières pénuries se font ressentir. Et chacun essaie de subvenir à ses besoins vitaux. Pour éviter que cela se reproduisent à l’échelle mondiale, il faut que l’on remette en cause notre manière de consommer et que l’on baisse drastiquement nos émissions de CO2.
Mais ce n’est pas tout, il devient important de récupérer l’eau de pluie, de protéger au maximum la biodiversité et arrêter de négliger son importance au profit de notre confort matériel auquel nous nous sommes si vite habitué, si nous ne voulons pas tendre vers l’extinction de la plupart des êtres vivants dont l’espèce humaine. Tout étant interconnecté, il faut prendre ces problèmes de front, si nous ne voulons pas accentuer le dérèglement climatique et arrivé à un point de non-retour. Pour l’instant nous n’allons pas du tout dans la bonne direction.
À travers ces objets il a cherché à montrer l’intérêt de récupérer l’eau de pluie afoi de s’hydrater en utilisant notamment du charbon actif pour purifier l’eau, mais également pour irriguer les plantes qui favorisent la biodiversité et se nourrir. Le frigo du désert permet de conserver les aliments à brève échéance sans utiliser d’électricité, il suffit d’avoir deux contenant en terre séparé de sable que l’on humidifie, ce qui permet de conserver jusqu’à dix fois plus de temps que d’ordinaire. Le séchoir alimentaire capte les rayons solaire pour sécher les aliments disposés à l’intérieur, comme le déshydrateur il permet de sécher tous les fruits, légumes, herbes, poissons et viandes et donc de conserver de la nourriture à plus long terme, le lombricomposteur quant à lui permet de finir la boucle des aliments a n de redonner à la terre, du compost et donc les nutriments nécessaires à la vie.
À travers cette gamme formelle que sont les ballons d’eau chaude et les bouteilles de gaz il a cherché
à réinterpréter ces objets dans le but de les rendre fonctionnels et en lien avec ma réflexion. Il a donc repris des principes existants plus ou moins anciens qu’il a réinterprété en les faisant fonctionner en lien les uns avec les autres.
Projet Cumulus
Le Projet Cumulus est un regard contemporain posé par deux designers sur le chauffe-eau. Alexandre E. et Adrien J. transforment les ballons d’eau chaude en sculptures écorésponsables aux usages multiples. Ce projet consiste en une installation d’une large variété de sculptures écoresponsables dans les communes qui protègent la biodiversité locale, son environnement et favorisent les interactions sociales. Elles sont installées sur le territoire seules, ou ensemble pour constituer alors un maillage d’oeuvres qui se répondent. Elles créent une unité qui invite à parcourir la commune et interpellent le citoyen sur son environnement proche, son écosystème, la disparition de la biodiversité et la raréfaction de l’eau.
Le Projet Cumulus a également pour vocation d’apporter des moments de réunion autour des oeuvres. Les fonctions des sculptures varient selon les besoins de la collectivité : récupération d’eau de pluie, refuge pour insectes, compostage, bac floral, espaces de convivialités, barbecue ou encore des mangeoires, etc..
Sur chacune de ces sculptures sont inscrites des informations qui interrogent et instruisent les riverains sur les enjeux environnementaux actuels. Ces sculptures sont issues du surcyclage de ballons d’eau chaude et de vase d’expansion récupérés localement. Nous avons donc choisi de valoriser ce déchet, le cumulus car il est largement consommé et jeté à l’échelle nationale. L’utiliser nous permet de minimiser au maximum l’usage de matières premières et réduire l’emprise carbone du Projet Cumulus.
Projet Cumulus 2.0
Le Projet Cumulus 2.0 est la suite de la réflexion initiée par le Projet Cumulus.
Alexandre Esteves poursuit son questionnement sur les possibles et les limites imposés par le déchet ballon d’eau chaude et le vase d’expansion. Que ce soit par leurs formes, par leurs dégradations ou par leurs anciens usages, ces déchets lui offrent un vaste panel de possibilité. À partir de ces contraintes, il dessine, conçoit et réinvente ces nouveaux objets au sein de son atelier.
L’idée de cette démarche étant de montrer qu’un objet avec une fonctionnalité spéci que, lorsqu’il arrive à la n de son cycle peut être réemployé. Par le surcyclage, le Projet Cumulus 2.0 a pour ambition d’offrir une large gamme de possible, à l’échelle du mobilier intérieur et extérieur, de jeux, de jouet et d’œuvres plastiques.
Le designer s’inscrit dans une démarche éco-responsable par un acte de design global, de la conception à la réalisation, en commençant par la réutilisation d’un objet ayant atteint sa date limite d’utilisation, voué à devenir une source de pollution. Ainsi, l’utilisation de cette ressource nouvelle permet de minimiser l’usage de matière première tout en obtenant un nouvel objet fonctionnel à longue durée de vie. Pour cela, les pièce subissent un traitement de surface anti-corrosif, respecteux de l’environnement, exempt d’acide ou de métaux lourds et dont les résidus de poudres sont recyclés, auprès d’une entreprise locale. En fin, pour poursuivre dans cette approche locale, limitant les émissions de CO2 et favorisant l’économie circulaire, la récupération de ce déchet se fait à proximité de l’atelier, auprès de plombiers-chauffagistes.