» Collapsolab’

Collapsolab’

Si effondrement il y a, qu’il soit d’ordre économique, financier, énergétique, ou encore climatique la première chose que l’on cherchera à faire en tant qu’humain, c’est se nourrir et chercher de l’eau potable. C’est ce que nous rappelle François Dauphin dans une tribune dans le Monde réalisé en novembre 2018.

Les climatologues s’inquiètent, selon le quotidien écologique Reporterre, les nouveaux modèles statistiques en vue du prochain rapport du Giec pointent vers un réchauffement de 5°C en moyenne. C’est ce que nous explique Michel Damian professeur à l’Université de Grenobles/Alpes le 13 mai 2019 dans sa tribune.

Notre monde étant interconnecté, et chaque action ayant un impact plus ou moins fort sur notre planète, j’ai décidé de dessiner des objets qui fonctionnent ensemble, les uns allant avec les autres, sans eau, pas de plantes, pas de biodiversité et donc pas d’aliments. J’ai donc réalisé à partir de récupération d’objets voués à devenir des déchets, un récupérateur d’eau de pluie, un contenant qui accueille des plantes mellifères et donc de la biodiversité, trois contenants avec des systèmes d’irrigations simple et qui consomment très peu d’eau accueillant des plantes comestibles, un frigo du désert pour conserver les aliments à brève échéance, un séchoir alimentaire pour les conserver plus longtemps. Puis lorsque les aliments sont consommés, les restes peuvent être accueillis dans un lombricomposteur afin de pouvoir redonner une seconde vie aux déchets organiques.

J’ai imaginé ce projet en lien direct avec ce qui s’est produit au Venezuela, l’un des pays les plus touchés par la crise pétrolière, car en effet c’est l’un des plus grands producteurs mondiale de pétrole, sa croissance et son développement en sont issu. Depuis plusieurs années la crise économique et plusieurs mois d’hyperinflation on conduit le pays vers une certaine forme d’effondrement, les produits alimentaires et de premières nécessités manquent, des émeutes et des pillages sont très fréquent.

Plus récemment, le pays a subi durant une semaine, une coupure de courant massive, ce qui a induit une coupure d’électricité, d’eau et de gaz, des pénuries et des pillages, au point que les habitants se retrouvent à récupérer les eaux salles de la ville ou encore de l’eau provenant de la rivière Guaire, l’une des plus polluée du pays selon le Monde. (13 Mars 2019, Le Monde)

C’est pour cela que j’ai décidé de travailler avec des ballons d’eau chaude, des bouteilles de gaz et des tourets d’électricité. Ces objets qui nous permettent d’avoir un confort omniprésent dans nos vies, et auxquels on ne fait plus forcément attention, mais qui, en cas d’effondrement viendraient à manquer très rapidement.

La population et notamment les citadins qui représentent pour l’instant 55% de la population dépendent des chaînes d’approvisionnement, or on sait qu’en 36 heures, la plupart des magasins sont vidés/pillés, et c’est à partir de ce moment là que les premières pénuries se font ressentir. Et chacun essaie de subvenir à ses besoins vitaux. Pour éviter que cela se reproduisent à l’échelle mondiale, il faut que l’on remette en cause notre manière de consommer et que l’on baisse drastiquement nos émissions de CO2.

Mais ce n’est pas tout, il devient important de récupérer l’eau de pluie, de protéger au maximum la biodiversité et arrêter de négliger son importance au profit de notre confort matériel auquel nous nous sommes si vite habitué, si nous ne voulons pas tendre vers l’extinction de la plupart des êtres vivants dont l’espèce humaine. Tout étant interconnecté, il faut prendre ces problèmes de front, si nous ne voulons pas accentuer le dérèglement climatique et arrivé à un point de non-retour. Pour l’instant nous n’allons pas du tout dans la bonne direction.

À travers ces objets j’ai cherché à montrer l’intérêt de récupérer l’eau de pluie afin de s’hydrater en utilisant notamment du charbon actif pour purifier l’eau, mais également   pour irriguer les plantes qui favorisent la biodiversité et se nourrir. Le frigo du désert permet de conserver les aliments à brève échéance sans utiliser d’électricité, il suffit d’avoir deux contenant en terre séparé de sable que l’on humidifie, ce qui permet de conserver jusqu’à dix fois plus de temps que d’ordinaire. Le séchoir alimentaire capte les rayons solaire pour sécher les aliments disposés à l’intérieur, comme le déshydrateur il permet de sécher tous les fruits, légumes, herbes, poissons et viandes et donc de conserver de la nourriture à plus long terme, le lombricomposteur quant à lui permet de finir la boucle des aliments afin de redonner à la terre, du compost et donc les nutriments nécessaires à la vie.

À travers cette gamme formelle que sont les ballons d’eau chaude et les bouteilles de gaz j’ai cherché à réinterpréter ces objets dans le but de les rendre fonctionnels et en lien avec ma réflexion. J’ai donc repris des principes existants que j’ai réinterprété en les faisant fonctionner en lien les uns avec les autres.

Conception, réalisation & photographies © Alexandre Esteves